Message du Président du Conseil d’Administration
Tout au long de l’année 2023, la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) a réalisé des avancées significatives, dans un environnement régional en pleine mutation et un contexte mondial devenu de plus en plus résilient.
■ L’optimisation des délais de traitement des demandes d’admission à la Cote des instruments financiers émis par appel public à l’épargne a permis d’accueillir cinq (05) nouvelles valeurs sur ses deux Compartiments dont une introduction en Bourse sur le Compartiment Actions (SCG Ré) et quatre nouvelles admissions à la Cote de lignes obligataires de l’Etat du Gabon, de la BDEAC, de l’Etat du Tchad et de l’Etat du Cameroun.
■ Plusieurs réformes, bénéficiant du soutien du Conseil d’Administration, ont été conduites avec l’approbation de la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF). Il s’agit notamment de la mise en place d’un Indice Boursier baptisé ‘’BVMAC All Share Index’’ ; du passage de trois (03) à cinq (05) jours de cotation fixing par semaine (de lundi à vendredi), et de l’activation sur son infrastructure de négociation, des ordres dits « au marché » ou ordres au mieux (market order en Anglais), tout Compartiment confondu.
■ Avec la Direction Générale, nous avons aussi renforcé les ressources humaines tant en quantité qu’en qualité. C’est ainsi que trois Directeurs et un ingénieur ont été recrutés sur les périmètres de la Finance, des Marchés, des Systèmes d’Information et du Développement de Projets, mêlant diverses nationalités.
■ En matière de gouvernance sociale, la Direction des Contrôles a bénéficié d’une implication décisive des Administrateurs membres du Comté d’Audit. C’est dans ce cadre qu’elle a poursuivi les travaux d’assainissement des comptes sociaux, de veille réglementaire et couverture de l’ensemble des périmètres métiers par des procédures robustes permettant de mitiger les risques identifiés au terme d’un exercice rigoureux de Risk Assessment.
■ La Direction Générale a aussi su maintenir tout au long de l’année, un excellent dialogue avec les membres de marché, les actionnaires et les Autorités publiques et réglementaires de la CEMAC. Il s’en est suivi un déploiement convenable du Business Plan 2022-2026 de la BVMAC, dont un des jalons importants a été franchi en 2023 à savoir, le renforcement des fonds propres. L’objectif de renforcement des fonds propres de la BVMAC a en effet, suscité un engouement sans précédent des actionnaires existants dont certains ont proposé des mises au-delà de ce qui leur était demandé eu égard à leur quote-part historique dans le capital social de la BVMAC.
■ Le Capital social a connu une augmentation significative d’environ 29%, à hauteur de FCFA 2 030 100 000 (deux milliards trente millions cent mille), pour se hisser à FCFA 9 073 000 000 (neuf milliards soixante-treize millions) dans un intervalle de 12 mois seulement provenant des actionnaires existants.
■ Dans la dynamique suscitée par cette détermination des actionnaires à soutenir massivement l’Entreprise de Marché, les Autorités publiques de la CEMAC ont elles aussi décidé de contribuer à l’effort des actionnaires en octroyant à la BVMAC, un prêt subordonné d’un montant d’un (01) milliard de FCFA, sur une maturité initiale de quinze (15) ans sur financement du budget du FODEC (Fonds de Développement de la Communauté).
■ Parallèlement, la BVMAC a bénéficié de marques d’attention diverses de la part des partenaires au développement des économies de la sous-région. A cet effet, après avoir bénéficié via le guichet UGRIF de la Banque Centrale (BEAC) d’un financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) ayant abouti à l’élaboration de son Plan d’affaires couvrant la période 2022-2026, la BVMAC s’est vue largement impliquée dans d’autres projets financés par la BAD et destinés à approfondir ses activités relevant du marché secondaire. Il s’agit de :
– la formation des acteurs de marché dont la définition des curricula est en cours de finalisation ;
– l’élaboration et de l’activation d’un plan d’épargne régionale et d’éducation financière ;
– l’élaboration d’un Règlement communautaire relatif à la fiscalité des valeurs mobilières harmonisée, simplifiée et incitative ;
– l’élaboration d’un Règlement CEMAC sur l’introduction en Bourse des participations des Etats et de leurs démembrements dans les entreprises désignées par les Etats.
■ Tout l’écosystème du marché financier régional étant resté mobilisé et attentif à la vision des dirigeants de la Bourse Régionale, une bonne dynamique d’activités s’est dessinée et la BVMAC a clôturé l’année 2023 par un Bilan en hausse, un ratio Fonds Propres/Capital social, fonds en nette amélioration à près de 65%, un compte de Résultat bénéficiaire grâce à une bonne dynamique des revenus combinée à une maîtrise volontariste des charges, comme cela va apparaitre dans les chapitres qui vont suivre.
Il n’en demeure pas moins que ce puissant instrument d’intégration sous-régionale, qu’est la Bourse Régionale, créée sous la forme d’une société anonyme à l’effet de remplir, à titre exclusif, la mission de service public d’organisation, d’animation et de gestion du marché financier de l’Afrique Centrale, conformément aux dispositions du Règlement CEMAC du 21 juillet 2022 portant organisation et fonctionnement du Marché Financier de l’Afrique Centrale, reste encore exposée à plusieurs facteurs de vulnérabilité parmi lesquels :
► la situation de ses créances impayées ;
► la très faible sollicitation du secteur privé vis-à-vis du mode de financement par le marché financier ;
► les pesanteurs qui entourent encore le processus de privatisation des entreprises des portefeuilles publiques des Etats de la CEMAC désignées à cet effet pour s’introduire en Bourse ;
► les lenteurs dans la conduite par la Banque Centrale (BEAC) du chantier de création d’une structure privée devant assurer les missions de Dépositaire Central du Marché Financier Régional ;
► la disparité des cadres législatifs nationaux avec le Règlement CEMAC du 11 mars 2007 portant institution d’un Régime fiscal spécifique applicable aux opérations cotées à la BVMAC ;
► la difficulté à appliquer dans l’ensemble des pays du Règlement communautaire du 11 mars 2007 et sa critique par les parties prenantes de l’écosystème du Marché Financier Régional qui le trouvent complexe, peu inclusif et voué à une réforme visant son amélioration et son harmonisation à l’échelle sous-régionale.
La priorité du Conseil d’Administration étant de venir à bout des facteurs de fragilité identifiés, je saisis la présente occasion pour annoncer la mise sur pied au sein du Conseil d’Administration, d’un Groupe de Travail ayant pour vocation d’assister la Direction Générale dans la conduite d’une réflexion stratégique devant aboutir à l’activation de tous les leviers possibles pouvant contribuer à la dynamisation du marché secondaire.
En nous inscrivant dans la mouvance des autres réformes de Place conduites sous la houlette de la COSUMAF et de la BEAC, les leviers à activer passeront par l’établissement d’un cadre de dialogue avec le Public, les Autorités Régaliennes, le Régulateur du marché financier, les bourses consœurs, les intermédiaires de marché, les émetteurs d’instruments financiers et les investisseurs en Bourse. Notre finalité étant d’aboutir à un approfondissement des Compartiments de la Bourse Régionale (cotation de plusieurs nouveaux instruments financiers), et des activités secondaires, l’élargissement de la base investisseurs reste un objectif intermédiaire. Il vise une augmentation du
taux de pénétration des activités sur valeurs mobilières au sein des populations de la CEMAC, et un relèvement significatif du nombre de comptes titres qui devrait passer de 8 500 actuellement à 100 000 comptes titres d’ici à la fin de l’année 2026.
C’est donc l’occasion pour moi d’encourager la Direction Générale à maintenir le cap des réformes déjà identifiées à savoir :
► la mise à jour de son Règlement Général à l’effet de l’aligner aux récentes évolutions des textes supérieurs (Règlement CEMAC du 21 juillet 2022 et Règlement Général de la COSUMAF du 23 mai 2023), tout en rendant plus souples et plus attrayantes, les conditionnalités d’accès des émetteurs et particulièrement les petites et moyennes entreprises, à ses principaux Compartiments ;
► la mise sur pied d’un véritable compartiment Hors-Cote permettant des échanges de titres financiers non cotés émis sur le marché monétaire (OTA, BTA, TCN) ou en Private Equity, sous un encadrement dédié par les procédures et mécanismes robustes adossées à l’infrastructure de cotation de la BVMAC ;
► le fractionnement des actifs financiers cotés à l’effet d’abaisser le ticket d’entrée des actions en particulier, pour le rendre à la portée des petits épargnants et,
► la diversification des canaux d’accès aux instruments financiers, à l’effet notamment de tirer avantage de la pénétration du Mobile Money dans les pratiques financières des populations de la CEMAC.
L’activation de ces leviers, nous en sommes convaincus, aboutira à un approfondissement des différents Compartiments de la Cote de la Bourse Régionale tant en termes de nombre d’instruments cotés et son corollaire qui est la hausse de la capitalisation boursière et des encours de dettes obligataires listés, que du volume des transactions tout Compartiment confondu.
Je voudrais terminer en renouvelant, au nom du Conseil d’Administration et de l’ensemble des actionnaires, nos remerciements aux Autorités de la CEMAC et aux bailleurs de fonds internationaux pour leur soutien sans cesse et les attentions particulières qu’ils ne cessent d’accorder à la BVMAC et au marché financier régional dans son ensemble. Ce soutien et ces marques d’attention augurent d’un marché financier prospère en zone CEMAC, un instrument de financement stratégique de nos économies à travers la mobilisation de l’épargne intérieure et internationale, et un facteur d’intégration sous-régionale incontestable.