Message du Président du Conseil d’Administration
Malgré un contexte mondial incertain en 2022 : poursuite de la guerre en Ukraine, exacerbation des tensions géopolitiques entre grandes puissances, forte inflation, durcissement des politiques monétaires des banques centrales et ralentissement important du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial qui est passé de 6,2% en 2021 à 3,4% ; les économies de la CEMAC se sont montrées résilientes avec un PIB ayant enregistré une performance de 2,9% en 2022 contre 1,7% un an plus tôt.
La vitalité des marchés de capitaux domestiques aura contribué à cette résilience ; les États y ont trouvé une bonne part de leurs ressources budgétaires. En effet, les encours de Bons et Obligations Assimilables du Trésor émis sur le marché monétaire ont progressé de 14% pour s’établir à 5 302 milliards FCFA au 31 décembre 2022 contre 4 650 milliards FCFA en 2021, tandis que sur le marché financier régional, les encours de dettes obligataires souveraines ont bondi de 78%, passant de 361 milliards FCFA en 2021 à 641 milliards FCFA en 2022.
Dans ce contexte général, la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) a assumé ses missions statutaires avec professionnalisme et engagement. Elle a notamment rendu disponible pour ses adhérents, son infrastructure de négociation en organisant cent cinquante (150) séances de télé-cotation sur l’ensemble de l’année 2022, à raison de trois séances par semaine. Par ailleurs, La BVMAC a admis à sa cote officielle, tous les titres émis par appel public à l’épargne dont les émetteurs en ont fait la demande en 2022. C’est le cas des deux lignes obligataires d’un encours cumulé de FCFA 349 873 410 000 des émetteurs État du Cameroun et BDEAC, et de l’introduction en Bourse des actions de la Banco Nacional de Guinea Ecuatorial (BANGE) dont la capitalisation flottante s’est élevé à FCFA 10 311 000 000.
Dans la même dynamique, la Bourse a mis à la disposition de la communauté des investisseurs et des autres parties prenantes du marché, une abondante information financière au cours de la période sous revue à travers une diffusion régulière et large de son Bulletin Officiel de la Cote et la publication de son rapport d’activité annuel élaboré au terme de l’exercice 2021. De même, plusieurs émetteurs susceptibles d’être cotés en Bourse ont reçu des formations dédiées de la Bourse régionale et particulièrement, les sociétés des portefeuilles des États ayant été désignées comme susceptibles d’être cotées en Bourse.
D’une manière générale, la BVMAC a mis à profit l’exercice 2022 pour se fixer certaines priorités. Le Conseil d’Administration a tout d’abord adopté un Plan d’Affaires (Business Plan) couvrant la période 2022–2026 lors de la session ordinaire tenue le 24 avril 2022. Ce Plan a par la suite été présenté aux Instances décisionnelles de la CEMAC qui l’ont approuvé à l’issue de la 18e session ordinaire du Comité de Pilotage du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (COPIL du PREF-CEMAC).
Dans le cadre de l’amorçage du déploiement dudit Plan, un jalon important a été franchi en 2022 à savoir, l’adoption d’une stratégie de renforcement des fonds propres de la BVMAC. Celle-ci s’est articulée autour d’une évaluation préalable du gap de fonds propres et ensuite, de l’élaboration d’un schéma de renforcement desdits fonds propres. Sur l’exercice 2022, les actionnaires historiques mais également les Autorités Publiques de la CEMAC ont adhéré au schéma de renforcement proposé qui prévoit une augmentation de capital à hauteur de 3,5 milliards FCFA (dont 1,5 milliard FCFA par consolidation des dettes anciennes en fonds propres, 1 milliard FCFA en numéraire à apporter par les actionnaires et 1 milliard FCFA à abonder par la Communauté sous forme d’une subvention d’équilibre). La mise en œuvre de ce schéma devra s’achever au courant de l’année 2023.
L’autre priorité de l’exercice 2022 a été l’intensification de la promotion des activités de marché et de la place financière de la CEMAC sur les plans régional et international. En effet, nous avons consenti d’importants efforts pour asseoir la notoriété de notre marché financier à travers une stratégie de communication digitale agressive via nos quatre comptes sociaux (LinkedIn, YouTube, Twitter et Facebook).
Par ailleurs, une exploitation optimale de la plateforme associative ASEA (African Securities Exchanges Association), nous a emmenée à organiser à Douala au mois de juin 2022, la 10e édition du Séminaire International annuel ‘’Building African Financial Markets’’ (BAFM) pour la toute première fois en Afrique centrale. Cet évènement a été placé sous le Haut patronage du Gouvernement de la République du Cameroun.
La BVMAC a également signé le 19 octobre 2022 au Maroc, le Marrakech Pledge dans un contexte mondial qui nous interpelle sur l’urgence de se mobiliser autour de la problématique du changement climatique. Cette initiative qui rassemble désormais des représentants de 35 pays Africains, a pour but d’offrir des solutions concrètes destinées à favoriser la mobilisation du continent Africain autour d’une finance verte et durable.
En outre, la BVMAC a poursuivi l’identification de nouveaux relais de croissance nécessitant la conduite de réformes structurelles devant permettre d’optimiser le fonctionnement du marché secondaire. Ces réformes à fort impact concernent l’élargissement de la base des investisseurs, la diversification des services offerts et l’approfondissement de la liquidité des titres par la massification des transactions. Il s’agit concrètement pour nous, de procéder à très court terme à la densification de la fréquence des cotations (cinq jours par semaine), à la création d’un Indice boursier, au fractionnement des actions visant à rendre accessibles les actifs financiers cotés aux populations à faibles revenus et utilisant des moyens de paiement autres que les comptes bancaires.
Enfin, en tant qu’Organisme concessionnaire à titre exclusif d’une mission de service public, la BVMAC a procédé courant 2022 à l’ajustement technique de sa matrice organisationnelle à l’effet notamment de renforcer le positionnement des fonctions Conformité et Déontologie. Nous avons ainsi créé une Direction des Contrôles rattachée fonctionnellement au Conseil d’Administration via le Comité d’Audit. Ainsi, le Conseil d’Administration a pu élargir les missions de son Comité d’Audit et a procédé à la scission de la Direction Administrative et Financière en deux Directions (Financière et Affaires Générales).
Je ne saurai terminer ces lignes sans saluer l’approbation par les Autorités Publiques de la CEMAC, de la qualité d’actionnaire stratégique et majoritaire à hauteur de 40% concédée à la BVMAC dans le capital de la société privée à créer avant le 31 décembre 2024, pour remplir les missions de Dépositaire Central Unique du marché financier régional unifié.
Notre ambition étant de positionner le marché boursier régional comme alternative crédible de financement du développement de nos Etats et du secteur privé ; Cela passe par une forte mobilisation de l’épargne domestique et internationale en quête de sécurité et de meilleurs rendements. Nous nous félicitons de l’évolution du taux de pénétration de notre marché qui s’est établi à environ 2% à fin 2022 (épargne mobilisée/PIB réel régional), affichant ainsi une hausse de 45 points de base par rapport à son niveau à fin 2021.
Notre objectif est de porter ce taux à plus de 10% au terme de la période de référence de notre Business Plan. C’est donc l’occasion de rappeler que notre marché contribue effectivement à la création de valeur tant pour les émetteurs de titres (plusieurs projets publics financés) que pour les investisseurs dont les revenus (dividendes et intérêts) perçus ont cumulé à plus de 48 milliards FCFA sur la seule année 2022 (45 milliards FCFA au titre des intérêts et 03 milliards FCFA au titre de dividendes) ; revenus qui se sont ajoutés à ceux déjà versés en 2021 et qui se sont élevés à 37,5 milliards FCFA intérêts et dividendes confondus.
Je reste convaincu qu’ensemble, nous relèverons les multiples défis qui se dressent devant nous, allant du redressement de la situation financière de la BVMAC à l’approfondissement des compartiments de notre marché secondaire, à l’effet d’amplifier la contribution du marché financier régional au financement des économies de l’Afrique centrale comme de leur indépendance financière.